Cela fait quatre ans que le prédateur s’est installé dans le département. Ces derniers temps, le grand canidé fait moins parler de lui. Pourtant, depuis le 1er janvier, 80 moutons sont morts suite à ses attaques.

VOSGES

Depuis le début de l’année, il fait beaucoup moins parler de lui. Pourtant, il rôde toujours dans le massif et la plaine vosgienne. Qu’on ne s’y trompe pas, le loup n’a pas déserté le département et continue à « croquer » des dizaines d’ovins. Les chiffres arrêtés au 20 août parlent d’eux-mêmes : 30 attaques ont été dénombrées pour un total de 80 victimes. La plaine est essentiellement impactée avec 16 attaques faisant 61 victimes contre 14 attaques et 19 victimes dans le massif.

Comme tous les ans, Jean-Yves Poirot y a laissé quelques brebis. En dépit de ses chiens patou et des autres moyens de protection mis en place, l’éleveur bressaud a subi sept attaques depuis le début d’année.

«Comment ne pas être démoralisé? Rien ne bouge! , souffle l’intéressé. Par ces mots, l’éleveur veut pointer un certain «immobilisme» de l’administration. Pour cela, il se base sur le bilan national, dressé dernièrement par la Dreal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) Rhône-Alpes qui place les Vosges comme étant le neuvième département français en nombre de moutons ayant péri sous les crocs du grand prédateur.

Pour Jean-Yves Poirot, la situation est très préoccupante car même les nouvelles mesures de protection ne suffisent plus à contenir le grand canidé : «Le loup a attaqué de nombreux troupeaux installés dans des parcelles protégées par des fils électriques ou des filets. En juin dernier, nous avons alerté l’administration lors d’une réunion du comité loup. Mais aucune initiative n’a été prise», peste Jean-Yves Poirot avant d’en rajouter une couche à propos du comptage actuel des loups dans les Vosges : «Depuis la naissance de deux louveteaux en 2013, plus personne ne compte. Il y a deux ans, on en avait dénombré un dans la plaine et quatre (les deux louveteaux inclus) dans le massif. Maintenant, on ne sait pas s’ils sont plus nombreux, s’il y a eu d’autres naissances ou s’ils sont en meute…»

«Sans ces systèmes, les attaques exploseraient»

Devant ce triste constat, le Bressaud estime qu’il faut franchir un cap et suivre l’exemple de la Lozère. Dans ce département, le nombre d’attaques est similaire aux Vosges. Pourtant, le préfet vient d’y autoriser les tirs de défense. «Pourquoi ne pas donner ces mêmes autorisations à nos éleveurs attaqués?» , lance l’agriculteur tout en soulignant qu’il ne demande pas de tirs de prélèvement mais uniquement des tirs de défense à l’aide de fusils à canon rayé.

Du côté de la Direction départementale des territoires (DDT), on ne se dit pas catégoriquement opposé à ces tirs de défense : «C’est à l’éleveur d’en faire la demande. Et chacune d’entre elles sera analysée. Les conditions à respecter sont les suivantes: avoir au moins une victime dans son troupeau dans l’année en cours et être équipé de moyens de protection électrifiés» , explique Etienne Courty, responsable du service environnement. L’homme ajoute que les tirs à canon rayé ne sont autorisés que pour des éleveurs aguerris à la chasse. Pour les autres, ce sera uniquement des tirs à canon lisse ou la mise à disposition d’un chasseur.

Quant à l’efficacité limitée des enclos électrifiés, le responsable le concède : il y a bien eu des attaques dans ces parcelles pourtant mieux protégées. Mais pour Etienne Courty, ces investissements limitent malgré tout les dégâts : «Les moyens de protection sont nombreux. Il y a les fils et filets électriques, les chiens patou mais aussi les effaroucheurs sonores et visuels… Sans ces systèmes, les attaques exploseraient dans le département.»

C’est un classement dont ce serait bien passé les éleveurs d’ovins vosgiens. En effet, le bilan tenu par la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement laisse apparaître que notre département continue de subir de nombreuses attaques du grand canidé. Si on compare 2014 et 2015, les chiffres arrêtés au 31 juillet sont très similaires. De 20 constats effectués lors des sept premiers mois de l’an dernier, les Vosges en sont à 22 sur la même période en 2015. Par contre, en nombre de victimes constatées, le chiffre est bien plus imposant (70 animaux en 2015 pour 25 en 2014 et 67 en 2013). Résultat: les Vosges se classent 8département français au nombre de constats effectués au 31 juillet, et 9e au nombre de victimes.

S’il fallait relativiser, on pourrait se dire que ces chiffres n’ont rien à voir avec ceux affichés par les Alpes-Maritimes et les Alpes-de-Haute-Provence. Le premier département cité en est déjà à 406 constats pour 1 748 victimes alors que 157 constats et 521 victimes ont été enregistrés dans les Alpes-de-Haute-Provence.

Au niveau hexagonal, on en est à 922 constats pour 3 546 victimes signalées.

Vosges matin, Sergio DE GOUVEIA S. de G.