La dernière campagne, à base de pièges photographiques, permet d’assurer le suivi de cette espèce protégée.

CaptureDeux lynx, une femelle et son petit, défilant dans un paysage enneigé ont été immortalisés par les appareils de la Réserve naturelle nationale de la Haute-Chaîne du Jura.Image: Réserve naturelle nationale de la Haute Chaîne du Jura

Clic clac. C’est dans la boîte! Sur le cliché, deux lynx, une femelle et son petit, défilent dans un paysage enneigé. Telle est l’une des preuves de la présence de cette espèce protégée dans les montagnes de l’Ain voisin. Pilotée par la Réserve naturelle nationale de la Haute-Chaîne du Jura, la deuxième campagne de suivi du lynx boréal vient de livrer ses premiers résultats.

Ils sont cinq adultes à «habiter» la région étudiée (soit 674 km2). «Pour une question de fiabilité, on ne recense pas les jeunes, précise Guillaume Cadier, adjoint au conservateur de la réserve. Uniquement les individus indépendants et territorialisés.» Comprenez établis sur un territoire donné. Ainsi, les deux jeunes repérés aux côtés d’une femelle connue sur la Haute-Chaîne depuis 2012 ne sont pas comptabilisés.

Cette campagne est la seconde du genre. Elle s’est déroulée de février à mai 2017. «Soit durant la période de rut du lynx, poursuit le spécialiste. Il sort plus facilement et effectue de longues distances à la recherche de partenaires.» Ce félin est aussi capable de parcourir plusieurs dizaines de kilomètres en une journée pour défendre son vaste territoire ou encore pour trouver de la nourriture.

Une robe incomparable
Pour le «capturer» sur la pellicule, 26 pièges photographiques ont été installés sur treize sites. Ces appareils ont été actifs durant 85 jours, se déclenchant automatiquement au passage de l’animal. Ils ont été relevés tous les quinze jours en moyenne par les agents de la réserve naturelle, de la Communauté de communes du Pays de Gex, de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), de l’Office national des forêts, de la Fédération des chasseurs de l’Ain ainsi que par quelques bénévoles.

Saluant ce «travail d’équipe», Guillaume Cadier explique l’intérêt de ce suivi: «L’une des missions de la réserve consiste à réaliser ce travail scientifique. Car on protège mieux ce que l’on connaît.» Cette seconde campagne a révélé une densité approximative de 0,8 lynx pour 100 km2 d’habitat favorable, un chiffre plus bas qu’en 2015 (1,2 lynx pour 100 km2) dans le secteur.

Autre constat: sur les cinq lynx recensés en 2015, quatre sont encore présents en 2017. Comment être sûr qu’il s’agit des mêmes individus? «La robe de l’animal est l’équivalent d’une empreinte digitale», indique Guillaume Cadier. Une photo de chacun des flancs d’un animal permet à coup sûr de l’identifier, même à plusieurs années d’intervalle.

Grâce à cette particularité, les responsables de l’étude se sont mis en quête du lynx «disparu» de la Haute-Chaîne. «Nous le recherchons sur des photos prises dans d’autres massifs et intégrées dans le Réseau Lynx piloté par l’ONCFS.» Un logiciel lit et compare les taches des pelages des animaux photographiés.

Coopération franco-suisse
Et l’adjoint au conservateur de poursuivre: «Dans un second temps, on compte élargir la recherche du côté suisse en s’adressant au KORA.» Cet organisme suit de près l’évolution en Suisse de la population des grands prédateurs que sont le loup, l’ours et le lynx. En ce qui concerne ce dernier, le KORA a œuvré pour sa réintroduction dans le pays il y a quarante ans. Entraînant de facto son retour en France voisine.

«Les animaux ne connaissant pas de frontière, il est revenu officiellement dans la Haute-Chaîne en 1974, après près d’un siècle d’absence», indique Guillaume Cadier, ne cachant pas son affection pour ce magnifique animal sauvage. À noter que la future campagne photographique est déjà programmée pour 2019. (24 heures)

Créé: 28.01.2018, 18h02