Mi-Août, Vallée des Merveilles, haut-lieu touristique du parc du Mercantour, 2 familles de bergers, 5 enfants, 2 troupeaux de brebis brigasques, race menacée, fromages traditionnels d’alpage. Le tableau parait idyllique, la réalité est toute autre.
Des animaux et des hommes ont été harcelés, jour et nuit, par des meutes de loups au comportement dénaturé. De nombreuses attaques ont eu lieu, jusque devant la porte de la cabane. Un loup a même grogné sur un berger. Leur présence continue autour des cabanes nous laisse présager le pire : un accident sur l’homme. En effet, chaque nuit, ils rodent et de nombreuses attaques ont lieu malgré toutes les mesures de protection (parc électrifié, chiens patous, présence du berger) Certaines meutes peuvent atteindre jusqu’à 10 individus. En plein jour, ils circulent sur les chemins de randonnée et près des cabanes habitées, sans crainte des hommes, à la vue de tous : randonneurs, accompagnateurs et bergers peuvent témoigner. Nous avons peur pour nos enfants.
Cette omniprésence et ces comportements dénaturés inquiètent une grande partie des acteurs de la montagne. C’est pourquoi les bergers de la Roya portent collectivement plainte pour mise en danger de la vie d’autrui. L’Etat doit prendre ses responsabilités et réguler cette espèce qui n’est nullement menacée et qui est de nouveau dangereuse pour l’Homme. Les bergers appellent à une mobilisation citoyenne tous ceux qui se sentent concernés à rejoindre ce mouvement en signant cette plainte collective pour que les responsables réalisent l’ampleur du problème. Car ce problème ne concerne plus seulement les bergers et leurs brebis mais bien tous les amoureux de la montagne.
Lettre ouverte d’une aide-bergère
Envoyée à Mme la Ministre de l’écologie le 16/09/2015
Mme la Ministre,
J’en appelle à votre protection.
Je suis bergère dans le parc du Mercantour, et je crains pour la sécurité des enfants dont j’ai la garde la journée, et la mienne.
Aujourd’hui, au lendemain d’une attaque nocturne de loups (qui s’est terminée avec 2 brebis tuées et une mortellement blessée), j’ai pu observer passer 3 loups près de la cabane à respectivement : 10h à 50m, à 17h à 100m et à 17h30 (un autre) à 20m.
Nous n’avons aucun moyen de défense, seul notre chien, qui d’habitude est avec le troupeau, nous avertit de leur présence et arrive à les repousser. Mais le comportement des loups nous montre clairement qu’ils ne nous craignent pas et la proximité de leur passage nous laisse croire, qu’un jour, ils seront sur notre lieu de vie. Comment vivre avec un tel sentiment d’insécurité ? J’ai trouvé refuge chez les voisins pour cette fois. Mais cette situation n’est pas tenable.
Plusieurs fois dans l’été, nous avons vu circuler des loups à proximité des chemins de randonnée et de nos cabanes. Leur présence est insoutenable moralement et physiquement. Leur protection serait-elle plus importante que la notre ?
Dans l’attente d’une réponse concrète de votre part, je vous prie d’agréer, Mme la Ministre, l’expression de salutations respectueuses.
Ludivine Berger