L’ordonnance fédérale sur la chasse va être assouplie. Une solution critiquée de tous côtés.

La Confédération veut une nouvelle gestion des grands prédateurs. Lundi, l’Office fédéral de l’environnement (OFEV) annonçait la publication prochaine d’une nouvelle ordonnance sur la chasse. Dès juin prochain, il sera possible d’abattre de jeunes loups dans des régions où vivent des meutes. Il faudra pour cela que l’animal se soit approché à plusieurs reprises des agglomérations et qu’il ne montre aucune peur de l’homme. La Confédération veut ainsi mieux tenir compte des craintes exprimées par les agriculteurs, les chasseurs et les habitants des régions de montagne.

Il faut dire que la présence du loup en Suisse fait débat depuis que le grand prédateur a franchi la frontière, il y a vingt ans. Et le parlement met la pression. Les deux Chambres ont approuvé en 2010 une motion de Jean-René Fournier. Le sénateur valaisan demandait de renégocier la Convention de Berne sur les espèces protégées, un texte qui fixe une protection stricte du loup en Suisse. Et, en septembre dernier, le Conseil des Etats adoptait une motion réclamant un tir facilité du loup dans les régions où rodent des meutes qui causent d’importants dommages aux troupeaux ou à la faune sauvage et menaçant la population et les touristes. Même si le Conseil national n’a pas encore tranché, Berne a décidé d’obtempérer.

«C’est une mauvaise mesure prise au mauvais moment, critique Pierrette Rey, porte-parole du WWF suisse. Nous ne comprenons pas cette décision. La Suisse ne compte qu’une seule meute! Et l’expérience nous montre que l’abattage du loup ne résout aucun problème. Ce qu’il faut, c’est une meilleure information des éleveurs et de la population, et surtout des mesures de protection des troupeaux.» Si les protecteurs de l’environnement font bloc contre la décision de l’OFEV, le camp adverse ne lui réserve pas un meilleur accueil. Soupir, et rire bref chez Oskar Freysinger. «C’est un geste, certes, mais cela ne résout aucun problème des moutonniers! Il faudra qu’un enfant se fasse attaquer par un loup pour que Berne réagisse, s’emporte l’UDC valaisan. Si l’on veut régler le problème, il faut dénoncer la Convention de Berne, comme le demande le parlement. Ce n’est qu’ensuite qu’on pourra trouver une solution.»

«Berne sacralise le loup»

Même scepticisme chez Jean-René Fournier. «On nous présente comme une avancée ce qui est une évidence. Bien sûr qu’il faut prélever les loups lorsqu’ils s’approchent des habitations. C’est du simple bon sens. Mais si l’on doit encore vérifier que c’est un jeune animal et qu’il vient d’une meute, alors ce nouveau concept loup sera pire que celui en vigueur aujourd’hui.»

Le sénateur valaisan se défend de vouloir exterminer le loup, mais il demande que le prédateur soit géré comme n’importe quelle autre espèce protégée. «Berne sacralise le loup, mais sa survie ne peut être assurée que s’il est géré raisonnablement», estime Jean-René Fournier. La trêve du loup n’est pas pour demain.(24 heures)

LES LOUPS, UNE POPULATION MOUVANTE

Arrivée Le loup est de retour en Suisse depuis 1995. En vingt ans, près d’une soixantaine d’individus – des mâles pour l’essentiel – ont été identifiés. Ils arrivent d’Italie et de France. Seul un petit nombre de loups reste dans la même zone plus d’un an.
Population actuelle Kora, l’instance chargée d’observer les grands prédateurs en Suisse, estime qu’il y a actuellement entre 15 et 20 loups en Suisse. Une première meute a été observée en 2012 à Calanda (GR). On estime que la Suisse est assez vaste pour accueillir une soixantaine de meutes, soit 300 loups. 
Territoire La plupart des loups ont été observés dans les Alpes, principalement aux Grisons, au Gothard et en Valais. Mais on en a retrouvé des traces jusqu’au nord du pays, dans les cantons de Zurich et de Neuchâtel. 
Cohabitation L’abattage du loup est réglé par un plan fédéral. Selon Kora, 15 bêtes ont été retrouvées mortes en Suisse. 
Cinq ont été tuées par des trains ou un chasse-neige. Dix par des chasseurs.