Alpes vaudoises – Les domaines skiables ont prévu des espaces où les skieurs n’ont pas droit de cité.
Le skieur qui atteint la station d’arrivée des Mazots, sur les hauts des Diablerets, et qui s’aventure vers l’ouest, hors des pistes balisées, trouve vite sa route barrée par des fanions verts. La région située au-delà de cette limite sert de refuge et d’hivernage au tétras-lyre.
En attendant que l’Etat définisse les premières «zones de tranquillité» vaudoises («24 heures» de mercredi ), la faune profite de quelques havres de paix où les freeriders n’ont pas droit de cité: les «zones de protection faune et forêt».
Les Diablerets, Villars-Gryon et Leysin ont aménagé plusieurs aires de ce type (voir infographie). «Elles sont proposées pour compenser l’impact d’un dérangement accru ou d’activités touristiques renforcées liées à un enneigement mécanique ou à de nouvelles installations», explique Catherine Strehler-Perrin, cheffe de la division cantonale Biodiversité et paysage, à la Direction générale de l’environnement (DGE).
Ces zones sont définies indépendamment pour chaque projet et ne reposent pas sur une démarche globale, précise la responsable de la DGE. En d’autres termes: chacune possède ses propres règles. «Dans certaines, toute pratique de sport est interdite d’une date x à une date y. D’autres règlements précisent que les activités touristiques restent autorisées si elles ne mettent pas en péril les objectifs de protection. En fonction de leur formulation, certains plans d’affectation pourraient permettre une dénonciation…»
Informer et faire la police
C’est là la principale difficulté à laquelle se heurtent les responsables des remontées mécaniques. A Leysin, le Géteillon, situé sous le tracé de la télécabine de la Berneuse, ne manque pas d’attrait pour les freeriders. «Il faut déchausser pour y aller, mais ce coin est relativement proche du départ des pistes, explique Jean-Marc Udriot, directeur des remontées mécaniques leysenoudes. Or notre responsabilité est double. Nous devons indiquer clairement les limites de ces zones. Et faire la police lorsque cela s’avère nécessaire. Nous surprenons régulièrement des personnes qui enjambent les barrières. Dans ce cas, nous les menaçons de bloquer leur abonnement, mais il n’existe pas de base légale pour mettre à l’amende.»
Dans la région, c’est surtout en hiver que ces espaces prennent toute leur importance. «Le gibier est plus vulnérable; il dépense beaucoup d’énergie pour fuir dans la neige s’il est dérangé», explique Jean-Paul Jotterand, directeur de TéléDiablerets.
Au Pays-d’Enhaut, c’est en revanche en été que l’activité touristique est plus réglementée. A Rougemont, aucune zone de protection faune et forêt n’a été définie sur le domaine skiable, et pour cause: celui-ci jouxte la Pierreuse, la plus vaste réserve naturelle romande. «Le ski hors piste en hiver et la randonnée pédestre en été y sont tolérés», explique Jean-Pierre Urweider, chef des installations de la Videmanette. A l’entrée de cette réserve, des panneaux invitent les promeneurs à respecter la faune, les sensibilisent à l’attitude adéquate à adopter. «Par contre, les vols en parapente sont interdits en été, pour ne pas gêner la nidification de l’aigle.»
Les futures zones de tranquillité seront-elles superposées à ces secteurs déjà existants? «Elles pourraient les reprendre tous ou en partie, répond Catherine Strehler-Perrin. Ils présentent l’avantage d’avoir été acceptés par les acteurs locaux.»
(24 heures)