Une motion permettant de chasser le canidé sera discutée au parlement fédéral

Le conseiller aux Etats haut-valaisan René Imoberdorf demande au Conseil fédéral d’inscrire le loup parmi les espèces pouvant être chassées. Après la motion de son confrère valaisan Jean-René Fournier, demandant en 2010 de renégocier la convention de Berne pour que le canidé ne soit plus protégé, la motion Imoberdorf sera discutée au parlement jeudi.

Mais les Valaisans n’ont pas attendu d’éventuels assouplissements de la loi fédérale. Vendredi, le parlement cantonal a adopté un postulat demandant le tir d’un loup ayant commis des dégâts dans le Haut-Valais. «Cet été, sur quatre alpages entre le Turtmanntal et le Törbeltälli, un ou plusieurs loups ont attaqué 54 moutons et chèvres», explique Peter Scheibler, chef du Service cantonal de la chasse. Malgré ces dégâts importants, aucune autorisation de tuer l’animal n’a été délivrée. «Nous étions favorables au tir du loup, car la mise en œuvre des mesures de protection des troupeaux était initiée et que ce processus progressait. Cependant, la Confédération a considéré que les mesures auraient dû être concrétisées pour le début de l’estivage, ou à défaut que les propriétaires se soient déclarés d’accord avec la mise en place des mesures proposées, via la signature d’une déclaration d’intention», explique Peter Scheibler.

En juin 2014, l’association Agridea, mandatée par la Confédération pour gérer la protection des troupeaux, a publié un rapport sur le Valais. Ce dernier recommandait de réunir les petits troupeaux afin d’avoir les moyens financiers d’engager un berger et relevait les déficits de la protection des troupeaux dans le Haut-Valais: les conditions de prévention y sont remplies dans 7% des cas.

Le postulat proposé par le PDC haut-valaisan Beat Rieder a été accepté à une large majorité, alors que le tir du loup ne relève aucunement de la compétence du Grand Conseil, mais de celles du Conseil d’Etat et de la Confédération. Le parlement donne ainsi l’ordre au conseiller d’Etat Jacques Melly d’enfreindre la loi fédérale. «Si vous avez peur d’une poursuite pénale, il y a suffisamment d’avocats dans la salle du parlement pour vous défendre», a lancé le député au ministre. «Nous sommes en train d’étudier de quelle manière nous pourrons répondre à ce postulat qui nous semble en contradiction avec la législation fédérale», explique Laurent Bagnoud, secrétaire général du département concerné.

Certains, proches des chasseurs, estiment que cette votation à une semaine de l’ouverture de la chasse pourrait être un signal positif pour ceux qui souhaiteraient braconner le canidé. «Non, on ne peut pas comprendre ce vote comme cela parce que l’immense majorité des chasseurs valaisans est respectueuse de la loi», estime Patrick Lavanchy, président des chasseurs valaisans. «C’est par contre une manière de se positionner contre un certain laxisme des autorités fédérales. Leur nouveau concept loup est malhonnête parce qu’il rend le tir du loup quasi impossible et parce qu’il ne respecte pas la motion Fournier pourtant adoptée par les chambres», argumente-t-il. «Les chasseurs souhaitent qu’il n’y ait pas de loup parce que cet animal est d’une inutilité dramatique. La seule raison pour laquelle il est protégé ce sont les délires d’ayatollahs verts», s’emporte-t-il.

«Les lynx et les loups, on les bousille, un point c’est tout», déclarait le chasseur valaisan Lini Paccolat dans L’Illustré en mars 2013. Il se vantait de divers actes de braconnage et les associations de protection de la nature avaient porté plainte à son encontre. Mais l’affaire s’est conclue par une ordonnance de non-entrée en matière le 19 août dernier. L’hypothèse du braconnage des grands prédateurs en Valais était déjà évoquée par Le Temps en octobre 2011, les loups ayant soudainement disparu du Valais romand cet été-là.

Alors que la première meute de Suisse est née dans les Grisons, le Valais n’aurait jamais connu de reproduction sur son territoire. «Je ne peux pas vous dire pourquoi les loups ne se reproduisent pas en Valais, mais les scientifiques expliquent que durant les premières phases de la colonisation ce sont les mâles qui arrivent sur un nouveau territoire, fait que nous avons observé chez nous», affirme Peter Scheibler.

Pourtant, en décembre 2012, Fauna. VS publiait un article intitulé «La première reproduction (de loups) aurait dû être valaisanne!». Les biologistes Raphaël Arlettaz et François Biollaz y affirment que la première louve a été identifiée en Valais en 2003. «La mentalité ambiante, si hostile au prédateur jusque dans les plus hautes sphères politiques du canton, n’est qu’une incitation à des actions de régulation intempestives et illégales», écrivent-ils. Un tir illégal, le parlement valaisan en a exigé un la semaine dernière.