Les loups devraient pouvoir être abattus s’ils causent trop de dégâts dans certaines régions. Avec plus de 20.000 loups déjà recensés en Europe, la situation devient incontrôlable, selon les spécialistes du Parlement européen, qui veulent “revoir à la baisse” le statut de protection de ces animaux.

Le loup est strictement protégé dans toute l’Europe, ce qui signifie qu’il est interdit de faire quoi que ce soit pour maitriser sa population. Par conséquent, ces animaux sont de plus en plus nombreux et s’aventurent plus près des humains, à la recherche de leur propre territoire. “Dans différentes régions, le nombre d’affrontements augmente fortement”, déclare le député néerlandais du SGP Bert-Jan Ruissen, qui réclame des mesures depuis quelques mois. Il ne veut pas supprimer le statut de protection du loup, mais souhaite le faire reculer d’un cran dans la législation européenne, pour en faire une espèce pour laquelle on peut prendre des “mesures de gestion”. “De cette façon, vous donnez aux autorités locales un outil pour intervenir si elles le jugent nécessaire dans leur propre région”.

Un grand prédateur malin

Construction d'une clôture anti-loup à la frontière de la province de Frise.

Construction d’une clôture anti-loup à la frontière de la province de Frise. © ANP

Les Hommes n’attaquent pas facilement les loups, Bert-Jan Ruissen le sait grâce à la littérature, “mais au cours des dernières décennies, ils ont été attaqués environ huit fois”. C’est également le chiffre utilisé par No Wolves Benelux, une organisation qui affirme ne pas être contre les loups, mais contre un trop grand nombre de loups dans la nature. Et dans certains endroits d’Europe, il y en a trop, déclare Andrea van den Eng, membre du conseil d’administration, spécialiste allemande des loups qui a émigré aux Pays-Bas. “Jamais auparavant les populations n’avaient été aussi importantes dans un paysage culturel aussi dense. Les populations de certains États allemands sont parmi les plus élevées du monde. Personne ne peut prédire où cela va mener, c’est une situation totalement nouvelle. En tout cas, le loup n’est pas la créature craintive et câline que certains imaginent. C’est un grand prédateur intelligent qui se débarrasse de sa timidité parce qu’il trouve sa nourriture chez l’Homme”. Et facilement, en plus: des moutons dans la nature sont bien plus difficiles à chasser qu’enfermés dans un pré.

Pour l’auteur de la résolution sur le loup, le chrétien-démocrate allemand Norbert Lins, c’est un argument supplémentaire. L’Europe “écologise” sa politique agricole et souhaite qu’un quart de sa production soit bio d’ici à 2030. Cela signifie donc plus d’animaux dans les prairies, et donc encore plus de conflits de coexistence. Selon M. Lins, Bruxelles va trop loin avec sa politique du loup. “Que vous vouliez protéger une espèce, d’accord, mais elle ne doit pas nécessairement être présente dans tous les États membres?” Un point de vue partagé par M. Ruissen: “En Allemagne, ils ont de l’espace, nous, nous en avons beaucoup moins. Peut-être pour un couple de loups dans la Veluwe, tout au plus”.

Erreur

Au sein de la commission de l’agriculture, M. Ruissen s’attend à une majorité en faveur d’une protection dépouillée, mais en plénière, la question risque d’être plus épineuse. “La commission de l’environnement peut penser différemment. Procrastiner trop longtemps serait une erreur”, estime le spécialiste des loups Andrea Van den Eng. Lorsque les populations alpines et scandinaves échangeront leur ADN avec notre population des plaines, les conditions seront plus favorables à la conservation de l’espèce, mais d’ici là, il faut une politique. Et d’ici là, il faut échanger beaucoup plus d’informations entre les États membres. “En Allemagne, des dizaines de bergers avaient déjà été attaqués avant que cela n’arrive aux Pays-Bas. Si tu le sais, tu te promènes avec une corne de brume”, qui permet notamment d’éloigner ces animaux, conclut M. Van den Eng.