La caille des blés (coturnix coturnix), petit oiseau migrateur de l’ordre des galliformes, n’a pas fini de nous livrer ses mystères.
Elle apparait chez nous au printemps où elle nidifie et se reproduit dans les blés puis disparait à la fin de l’été vers ses zones d’hivernage: Espagne, Maroc, Sénégal.
Un oiseau mystérieux pour les ornithologues qui doivent s’armer de patience pour l’observer, un gibier emblématique pour les chasseurs qui ne se chasse pas en Suisse (elle se chasse au chien d’arrêt) et un met apprécié par les gourmets.
La caille des blés suscite beaucoup d’interrogations et l’importante fluctuation de ses effectifs ces dernières années ont incité le monde scientifique à se pencher sur ce petit oiseau discret.
En 2006, un programme d’étude internationale impulsé par l’université de Barcelone et le Professeur José-Domingo Rodriguez a permis de développer un réseau de bagueurs et de mettre en place un système de veille pour mieux connaitre l’espèce et suivre dans le temps son évolution: Quels sont les facteurs qui interfèrent sur son évolution? Quelles sont les préconisations en termes d’aménagements agricoles qui pourraient favoriser cette espèce?
Les questions sont multiples mais à ce stade les spécialistes travaillent sur le modèle scientifique, étudient, collectent, publient et se rencontrent une fois par an pour échanger sur l’avancement de leurs travaux, mettre en commun leurs méthodes d’investigation.
Cette année le groupe «Caille Europe» s’est réuni au Domaine des Oiseaux de Mazères à l’invitation de la fédération des chasseurs de l’Ariège car si en Espagne et au Maroc, le suivi de ce volatile est piloté par l’université, en France et au Portugal ce sont les chasseurs qui pilotent ces travaux.
«C’est une volonté nationale en matière de conservation, indique Jean-Marie Boutin, de l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS). Nous avons constaté depuis une trentaine d’années un déclin important des effectifs de cette espèce difficile à observer.
D’où la nécessité des accords internationaux entre zones de reproduction, d’hivernage et zones intermédiaires où les oiseaux font une halte migratoire Aujourd’hui on étudie et ensuite on vulgarisera auprès des acteurs du monde agricole afin de les sensibiliser à cette espèce car l’espace agricole sert de support de vie à cet oiseau d’Europe occidentale» Pour les représentants du groupe «Caille Europe» participant à cette réunion annuelle, les inquiétudes sont importantes, notamment face à la pression de l’agriculture. «Après la moisson, en juillet août, le milieu est favorable à l’espèce mais aujourd’hui les pratiques agricoles ont changé, on travaille tout de suite le sol et on casse la couche superficielle, le couvert susceptible d’abriter l’espèce… le tracteur suit la moissonneuse, aucun espoir pour les jeunes cailles nichées sur le terrain. En terme de biodiversité, les chaumes de céréales représentent un espace où il y a de la vie en été. Ces pratiques agricoles représentent un vrai souci pour la sauvegarde de l’espèce. Actuellement chacun travaille dans son coin mais pas dans la bonne direction. On ne peut que le déplorer pour l’avenir de la caille des blés» «On détermine l’âge en observant les rémiges, deux de ces plumes serviront à isoler les isotropes d’hydrogène permettant de déterminer la latitude de naissance des oiseaux échantillonnés. L’observation de la bavette nous apprendra des infos sur l’origine du phénotype et la mesure de la bande adipeuse donne des indications de la situation de l’oiseau par rapport à son voyage migratoire… tout est inventorié, selon des grilles d’analyses précises» poursuit le technicien. Il n’est pas rare de retrouver les cailles baguées en Ariège en Espagne, dans le Gers ou bien plus loin car ce petit animal plein de ressource est capable de couvrir plusieurs centaines de kilomètres en une seule nuit. Tous ces relevés iront enrichir une base de données et contribueront à mieux connaitre la caille des blés.