Deux veaux ont été tués, vraisemblablement dans la nuit de jeudi 15 juin à vendredi 16 juin, par un prédateur au Pré de Mollens, dans le Jura vaudois. Le loup est la piste la plus probable. (Photo: Cl.-A. Gebhard)
Violente émotion sur l’alpage du Pré de Mollens, dans le Jura vaudois: deux veaux ont été tués par un prédateur probablement dans la nuit de jeudi à vendredi de la semaine dernière. Les cadavres ont été découverts vendredi. Le Service de la faune a effectué des prélèvements d’ADN et posé des pièges photographiques. La piste du loup est la plus vraisemblable, selon les morsures et la manière dont les animaux ont été dépecés. Environ 80 génisses et une vingtaine de veaux alpent au Pré de Mollens.
En raison de problème de réseau, le berger de l’alpage n’était pas joignable cet après-midi. Pour le propriétaire de l’un des veaux tués, Jean-Marc Baudin, agriculteur à Mollens, c’est la surprise. “Il n’y a pas encore eu de cas sur cet alpage. Il faut que le service de la faune réagisse pour limiter les dégâts, car la pression ne va pas faiblir. Il faut s’attendre à d’autres cas”. Les veaux ont été ramenés en plaine pour limiter les risques. “Mais nous espérons trouver des solutions et pouvoir les remettre à l’alpage”, indique Jean-Marc Baudin.
Nicolas Bally, producteur de lait à Mollens, éleveur et propriétaire de la deuxième bête victime, appréhendait un tel événement, mais pas sur des veaux aussi gros. “L’année dernière, deux chèvres avaient disparu sans qu’on les retrouve et le troupeau de caprins était très agité le soir. Mais nous ne pensions pas qu’une attaque de loup allait arriver cette saison, car il n’y a pas eu de signe avant-coureur.”  L’éleveur avait décidé pour cette année de monter des veaux plus gros.
Agés de respectivement 8 mois et demi et 10 mois, les deux animaux tués dans le même parc à quelque 300 mètres du chalet d’alpage, pesaient plus de 200 kilos. “Vu les risques, il faudrait rentrer les veaux au moins tous les soirs, mais avec les chaleurs d’été, ce n’est de loin pas l’idéal. Il nous faut une solution pour les saisons à venir, surtout si nous avons des problèmes de fourrage en plaine en cas de sécheresse. Mettre des vaches allaitantes serait une solution à envisager, mais il faudra s’assurer qu’elles protègent les veaux”, s’inquiète Nicolas Bally.
Du côté du Département de l’environnement et de la sécurité du Canton de Vaud, il est trop tôt pour préciser si, le cas échéant, des mesures seront prises. Le porte-parole du département Marco Danesi rappelle que l’année dernière, au mois de juillet, un loup avait attaqué des vaches allaitantes et leurs veaux, près du Marchairuz, sans dommage pour le bétail.
Dans les environs, l’émotion est tout autant vive. Sur l’alpage voisin du Mont-Tendre, Claude-Alain Crottaz, berger et tenancier de la buvette éponyme, est sur les dents: “Il faut que ça bouge, qu’on en parle et que l’on trouve des solutions pour réguler ces prédateurs. Un ou deux loups, je ne suis pas contre, mais on ne peut pas héberger plusieurs meutes dans cette région”. Le berger du Mont-Tendre gère plus de 250 bêtes de neuf propriétaires sur quelque 280 hectares répartis en 5 parcs. Le parc le plus proche du Pré de Mollens fait 73 hectares. “Il est impossible de rassembler tout le troupeau dans un parc protégé tous les soirs. Ce ne serait pas réaliste de le proposer. Même si nous faisons régulièrement des tours, nous ne pouvons pas tout contrôler et éviter ce type d’attaque.”
Selon le Département de l’environnement et de la sécurité, on dénombre dans le canton de Vaud, dans la région du Marchairuz, une meute composée de 4 loups de taille adulte et de 5 louveteaux.
Pierre-André Cordonier, le 19 juillet 2021