L’attaque de vendredi dernier, à Poliez-Pittet, s’était soldée par la mort d’une quinzaine de moutons, dans une pâture dont les protections étaient conformes aux normes fédérales. Sur les neuf sites visés par le loup et répertoriées depuis décembre, trois disposaient des protections correspondant aux listes de contrôle de l’OFEV.

La délicate question de la régulation du loup s’étend en plaine. Ce vendredi, le Canton a diffusé dans les Avis officiels l’autorisation de tir d’un loup, à la suite d’attaques répétées de troupeaux dans la région d’Oron.

Un ou plusieurs loups, ont immédiatement dénoncé les opposants aux tirs. «On ne sait pas ce qui se passe, des loups ont déjà été vus dans la région par le passé. Il faut à tout prix éviter de viser une meute en formation», avertit Eric Jaquet, président d’Avenir Loup Lynx Jura. Il enchaîne. «On prend le problème du mauvais côté. Le principe, c’est de tout faire pour protéger les troupeaux avant d’envisager un tir. Comme d’habitude, ce sont des décisions politiques.»

Le périmètre de tir dans lequel les gardes-faune pourront exercer va de Chardonne à Bercher et d’Étagnières à Maracon. Dans leur viseur, M121, trahi par son ADN, issu de la première portée de la meute du Marchairuz et qui s’était signalé jusqu’ici par sa grande mobilité: il avait été repéré jusque dans le Jura bernois, faisant des allers-retours depuis sa région natale. Les raisons qui l’ont poussé à s’installer depuis deux mois dans ce secteur allant de l’ouest du Gros-de-Vaud aux hauts de Lavaux sont encore peu claires et controversées: conséquence des tirs de régulation ou dispersion naturelle des adultes.

Une trentaine de bêtes

Le loup est considéré par le Canton comme responsable d’une dizaine d’attaques dans la région, allant d’un mouton à trois alpagas, en passant par un dernier cas retentissant: huit moutons à Poliet-Pittet vendredi dernier, en plus de six qui ont dû être achevés sur place. En tout, une trentaine de bêtes ont été tuées ou blessées. À en croire l’État, neuf sites visés par le loup sont connus depuis décembre, dont trois seulement disposaient des protections correspondant aux listes de contrôle de l’OFEV.

Trois attaques causant la mort de cinq moutons ont été formellement attribuées à M121. Pour le Canton, analysant l’ensemble de la situation, le seuil requis par la loi fédérale de 15 animaux de rente en un mois est toutefois atteint, autorisant un ordre de tir.

L’affaire avait gagné le Grand Conseil mardi, avec l’intervention de l’UDC Stéphane Jordan, qui dénonçait «la mort dans d’atroces souffrances de 10% d’un troupeau, à 12 km à vol d’oiseau du parlement. La colère paysanne grogne partout en Europe, mais la patience ne tient plus qu’à un fil.» Et qui demandait au Conseil d’État «de prendre sans délais des mesures adaptées pour sortir de cette situation alarmante.»

L’autorisation de tir avait en fait déjà été signée la veille par le conseiller d’État Vassilis Venizelos. Elle est désormais valable durant soixante jours, sans effet suspensif en cas de recours.