Les attaques ont eu lieu entre le 7 et le 19 juillet. Loup, lynx ou chien? Les carcasses ont été évacuées avant que des analyses puissent être faites.

moutons

Ces derniers jours ont été pénibles pour les détenteurs d’animaux de rente. Sur les hauteurs veveysannes et dans le Nord vaudois, une dizaine de moutons ont été retrouvés morts, éventrés, par leur propriétaire au matin.

À Croy, le syndic, Thierry Candaux, confirme l’attaque perpétrée contre le petit troupeau d’un de ces concitoyens. «Je sais qu’au moins une bête a été tuée. Mais j’ai entendu dire qu’il y en aurait eu trois. Ce qui est sûr, c’est que les moutons ont été déplacés dimanche.»

Contactés, les propriétaires des ovins ne veulent pas s’exprimer. Mais au village, la nouvelle s’est rapidement répandue. Sans pour autant que les gens ne crient au loup: «C’est peut-être le lynx, ou un gros renard», avance cette femme dont la maison borde le champ dans lequel paissaient les moutons.

Garde-forestier dans le village voisin de Juriens, Bastien Siggen n’était pas au courant. Selon lui, cette attaque est une première sur des animaux de rente dans une région où de nombreux veaux passent également la nuit dehors.

Qui est le tueur?

«Qui a pu faire ça? Tout est possible. Récemment, on a trouvé des dépouilles de chevreuils. On pense au lynx, mais il y a aussi quelques chiens errants dans les parages ou des chiens qui ne sont pas tenus en laisse. Le loup? Je sais qu’il a été formellement identifié à la vallée de Joux, mais ici jamais encore…» souligne-t-il.

La présence la plus proche du canidé a été confirmée en mai 2016 au bord de l’Orbe. Un piège photo a aussi immortalisé un loup le 24 mars au-dessus de Gimel. Et le 22 juin, un agneau a été tué au Creux de Croue, près d’Arzier. Selon toute vraisemblance par le loup.

Une autre voisine de la «scène de crime» en sait un peu plus. «Je n’ai pas vu ce qui s’est passé juste en dessous de chez moi. Mais une nuit, j’ai entendu les brebis bêler. J’ai pensé qu’elles mettaient bas.» Le lendemain matin, elle croisait le père du propriétaire du troupeau qui portait la carcasse d’un agneau. «Il était noir, mais son ventre était à l’air, rouge sang. Il n’avait pas été entièrement dévoré», reprend-elle. Et de confirmer qu’en tout trois agneaux ont été la proie d’un animal entre le 16 et le 19 juillet. «Mais jamais deux la même nuit. Une caméra a été posée, sans qu’elle ne permette de voir ce qui s’est passé.»

Carcasses évacuées

Légalement, les propriétaires ne sont pas tenus d’annoncer de tels cas. «Et ils ne l’ont pas fait, mais s’ils souhaitent être indemnisés, ils doivent signaler leurs pertes le plus rapidement possible», précise Denis Rychner, porte-parole de la Direction générale de l’environnement (DGE). Une annonce qui permet aussi la prise de mesures de prévention adéquates au cas où les dégâts auraient bien été causés par le loup.

Au Mont-Pèlerin, les deux attaques perpétrées entre le 7 et le 14 juillet ont bien été rapportées au Canton. Elles auraient fait sept victimes selon l’éleveur: six agneaux et une brebis. «Le Service de la faune a été avisé le 17 juillet, mais quand le garde est arrivé sur place, les carcasses avaient déjà été déposées au clos d’équarrissage de Moudon», reprend Denis Rychner. Impossible donc d’effectuer un prélèvement d’ADN, ni même de dresser un constat.

Dès lors, il est difficile de savoir quel animal a pu tuer ces sept moutons, tout comme les trois de Croy. «Du coup, il ne nous est pas non plus possible d’annoncer officiellement leur nombre», reprend Denis Rychner. Président de l’ARSGP, Association romande sans les grands prédateurs, Éric Erb restreint toutefois le cercle des coupables présumés: «Ces animaux ont été éventrés, c’est donc des chiens ou des loups qui ont fait le coup.» Et pourquoi pas le lynx? «Parce qu’à ma connaissance, il attaque ses proies au cou. Et il s’en prend à une ou deux bêtes à la fois, pas à autant.» (24 heures)